« Nous affirmerons le numérique comme un sujet régalien et de souveraineté ». Tels sont les mots de Valérie Pécresse dans son programme dédié au numérique, secteur auquel elle souhaite impulser un nouveau souffle. Faisant un bilan amer des dernières avancées dans ce domaine, la candidate souhaite, par le biais de lois, porter le numérique aux couleurs de l’Etat. Dans son programme, elle s’attache ainsi à la protection des données des Français et de l’Etat par la souveraineté. « Nous voulons poser le cadre qui va responsabiliser et en même temps asseoir notre souveraineté » explique Catherine Morin-Desailly, sénatrice et également conseillère numérique de la candidate. Cette loi, relative à la souveraineté et à la responsabilité numérique, permettrait d’encadrer une politique industrielle menée dans l’ensemble des secteurs stratégiques – santé, énergie, transports – et où les entreprises françaises seront la priorité.

La candidate entend ici « instaurer une préférence française et européenne dans la commande publique grâce à des quotas progressifs d’achats français et européens sur les logiciels et les algorithmes, avec un objectif de 50% en 2027. Elle évoque ainsi l’idée d’un small business act à la française. De même, elle veut permettre aux acteurs français du numérique d’investir au même niveau que leurs concurrents étrangers en utilisant la précommande publique. Elle évoque notamment le besoin d’un cloud souverain « pour que la France garde la main sur ses données stratégiques, comme dans le secteur de la santé ou du nucléaire, en s’inspirant de la législation américaine qui permet aux services de renseignement d’avoir connaissance de toutes données détenues par une entreprise américaine ». Afin de protéger les entreprises, elle souhaite également « créer un parquet national cyber pour lutter contre les cyberattaques visant la France ».

Protéger les entreprises

Dans son objectif de bâtir un État stratège, la candidate souhaite soutenir l’innovation en regroupant au sein d’un même ministère de l’Industrie et de l’Innovation « pour avoir la capacité de mener des projets stratégiques d’innovation allant de la recherche fondamentale à la recherche appliquée et de financer des programmes de recherche ambitieux ». Un haut conseil à la souveraineté économique sera également mis en place pour autoriser les investissements étrangers en France.

Souhaitant pousser l’investissement à tous les niveaux, la candidate propose une « aide à l’investissement de proximité », correspondant à un crédit d’impôt de 50 %, pour les contribuables souhaitant investir jusqu’à 20 000 € dans des entreprises implantées dans des communes de moins de 20 000 habitants. De plus, une caisse de garantie publique sera mise en place afin de labelliser des fonds d’investissement dans l’économie française (FIEF) ou régionale (FIER) privés. Ces fonds investiront dans les entreprises non cotées sur tout le territoire pour le compte des épargnants. Enfin, Valérie Pécresse annonce vouloir « accélérer l’émergence de 200 usines dans les nouvelles filières et consolider 20 licornes industrielles d’ici 2027 en renforçant les soutiens à la DeepTech (quantique, bioproduction, etc.) ».

Un plan Marshall de la formation

Cette reconquête de la souveraineté doit toutefois s’accompagner d’une fédération autour des métiers du numérique. En ce sens, la candidate porte une attention toute particulière aux plus grands, qu’elle souhaite mieux accompagner vers l’entrepreneuriat. Pour aider chacun à se lancer, dès leurs 16 ans, pour chaque jeune et de manière automatique, un identifiant et un statut « jeune entrepreneur » seront créés. Elle propose par ailleurs un revenu jeune actif qui s’élève à 670 euros par mois « pour les jeunes qui se formeront dans les métiers en tension ». Dans le but de répondre à un déficit croissant en compétences numériques, elle annonce vouloir former un million de talents d’ici 2030, en les repérant dès la seconde. « Nous voudrions organiser un test national annuel sur le potentiel numérique de tous les élèves de France. Cela s’inscrit dans le cadre de leurs orientations organisées par les régions, puisque les régions disposent de cette compétence », détaille Catherine Morin-Desailly.

Dans le programme porté par Valérie Pécresse on retrouve par ailleurs une mesure qui touche à la numérisation de l’administration ; « créer une Ecole nationale du numérique dont les étudiants rémunérés, devront ensuite travailler 10 ans dans la fonction publique ». Dans son plan qu’elle décrit comme un plan Marshall, la candidate entend également « former les formateurs », les enseignants de l’éducation nationale étant parfois loin de cette digitalisation. L’objectif est donc double : assurer le développement de parcours de formation initiale mais aussi de celle en continue. Cette formation s’adressera par ailleurs aux entreprises qui le demandent ainsi qu’aux chômeurs et actifs en reconversion. Valérie Pécresse veut également veiller à ce que les crédits du Compte personnel de formation (CPF) prioriseront les formations numériques.

Renouer avec la transition écologique

Une majorité des candidats à la présidentielle s’est engagée sur le terrain de l’environnement et de la transition écologique. Valérie Pécresse en a d’ailleurs fait un point essentiel dans son programme numérique, souhaitant « soutenir une grande filière de la réparation et du reconditionnement des équipements informatiques » afin de créer « valeur et emploi en France ».  Ainsi, elle entend instaurer un chèque récupération de 10 € pour les smartphones et de 50 € pour les ordinateurs, pour tous ceux qui ramènent chez un réparateur français leur matériel numérique usagé.

Prenant pour modèle le marché de l’automobile, elle veut imposer l’ouverture du marché des pièces détachées aux constructeurs et des manuels techniques. Enfin, elle annonce la création d’un Green data hub si elle vient à être élue présidente pour faciliter le croisement des données environnementales des services, agences, territoires et citoyens, et qui agira comme une sorte de « cockpit de la donnée environnementale en temps réel ».

Une égalité d’accès au numérique

Fer de lance de cette campagne présidentielle, la fracture numérique s’est installée dans le débat et dans la bouche de tous les candidats. La porte-drapeau des Républicains souhaite « rendre le numérique accessible à l'ensemble des territoires, à l'ensemble des Français pour garantir leur égalité d'accès ». Mis au même plan que l'eau ou l'électricité, « le numérique est aujourd'hui un bien essentiel qui doit être universellement dispensé ». Ainsi, elle prévoit d’accélérer le déploiement du très haut débit (THD) fixe et mobile en « instaurant un bonus financier pour les collectivités qui achèveront le déploiement avant fin 2024 ».

Par ailleurs, tous les besoins des territoires ruraux seront recensés dès l’été 2022. « Valérie Pécresse, présidente de la république, compte s’atteler immédiatement à cette tâche » assure sa conseillère numérique. Il s’agit aussi d’accélérer les investissements d'infrastructures de téléphonie 4G pour ne plus avoir de zones blanches dans les territoires et garantir à la fois la sécurité et la maintenance des câbles sous-marins.