« Maîtriser nos choix technologiques ». Tel est l’objectif de Fabien Roussel, candidat à l’élection présidentielle au nom du Parti Communiste français (PCF). Ce dernier qui présente son programme « La France des jours heureux » reste très peu porté sur les questions du numérique et des nouvelles technologies, persuadé que ce domaine est « entravé par la course obsessionnelle aux profits ». A l’heure de la mondialisation, Fabien Roussel plaide donc pour une réindustrialisation de la France. L’une de ses priorités consiste à instaurer une loi d’orientation et de programmation « pour une nouvelle industrialisation du pays ». Il souhaite ainsi présenter au Parlement cette loi qui visera le développement de l’économie circulaire, des circuits courts et des processus industriels durables, ainsi que des coopérations industrielles nécessaires à l’échelle européenne et mondiale.

Le candidat a également annoncé la volonté de nationaliser les groupes stratégiques pour acquérir une maîtrise publique et sociale du développement des grandes filières industrielles et de services. Il vise notamment les secteurs des transports, du médicament, du logement, de l’énergie, des télécoms, de l’eau, du service public de l’art et de la culture, ou encore de l’éducation populaire. En clair, sont ciblés ici la SNCF, EDF, Engie, La Poste, Orange et même Axa. Pour compléter cette loi, il souhaite réunir les opérateurs télécoms, leurs autorités de tutelle et les services de sécurité intérieure ou militaire pour évaluation des protections techniques et juridiques des libertés individuelles et élaborer un plan de renforcement du contrôle public dans ce domaine. Ayant à cœur la protection des droits des individus, Fabien Roussel propose plusieurs mesures dans cette direction.

Des citoyens informés et protégés

Le candidat a annoncé que des formations au numérique seraient mises en place pour aider les citoyens à se protéger, notamment contre la menace cyber. Il souhaite favoriser l’accès au numérique pour tous dans de bonnes conditions, garanties par des médiateurs et des opérateurs adossés à un service public renforcé. « Représentant l’humain, l’identité numérique ne peut être l’objet d’une totale dématérialisation : le lien humain entre le citoyen et ses services publics reste la meilleure garantie de sécurité pour cette information » rappelle-t-il.

De fait, il promeut le maintien d’infrastructures, à l’exemple des maisons France services existantes. L’usager devra « trouver, près de chez lui, un bouquet de services publics de proximité ». Il prévoit donc de réformer les règles juridiques, comptables et budgétaires locales pour limiter le recours à l’externalisation des services publics, aux partenariats public/privé, et à la sous-traitance.

Mettre le holà aux Gafam

Le porte-parole du PCF appelle également à abroger les « lois liberticides adoptées au cours du dernier quinquennat » rappelant ainsi l’adoption houleuse de la loi sécurité globale. Par opposition, il souhaite adopter une loi qui protégera les Français de la surveillance numérique de masse. Ce n’est pas le seul clin d’œil que le candidat fait aux Gafam. « Je suis totalement favorable à l’obligation de critères de cybersécurité, donc de souveraineté, en matière de services numériques » précise-t-il, ajoutant qu’« il conviendra donc d’écarter les Gafam de la commande publique et de développer des opérateurs ou des services publics engagés à mettre en œuvre des architectures adossées au service public, pour lesquelles la recherche sera mobilisée.

Dans son programme, Fabien Roussel indique vouloir mettre en place un prélèvement à la source des multinationales « pour qu'elles payent des impôts tout de suite » et lutter contre l'optimisation fiscale. « Je veux que les petits payent petit et les gros payent gros » s’est notamment exprimé le candidat du Parti communiste français (PCF). Il souhaite ainsi instaurer un « serpent fiscal européen » assurant un taux minimum d’imposition à 25 %. Les travailleurs de ces plateformes sont également dans le viseur du candidat ; un statut et des droits sociaux seront mis en place pour les travailleurs des plateformes numériques et les auto-entrepreneurs, notamment le droit à la Sécurité sociale. « Il sera mis fin à l’opacité des algorithmes des plateformes, et les représentants des travailleurs et le législateur disposeront d’un droit de regard sur le management algorithmique ».

Un remaniement de l’économie

Le candidat compte taper fort sur les aides et subventions accordées aux entreprises. Seront notamment supprimées les « niches fiscales » dont le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et le crédit-impôt-recherche (CIR) qui « gonflent les profits ». Ciblant les entreprises qui décideraient de délocaliser, supprimer des emplois ou encore qui pollueraient, il souhaite mettre en œuvre un nouvel impôt sur les sociétés, modulé à la hausse pour les groupes qui se livrent à ces activités. Il sera progressif en fonction du chiffre d’affaires et des résultats des entreprises. De même, il entend récompenser les petites entreprises.

Nous « créerons un dispositif de crédits à moyen terme super-bonifiés à destination des TPE-PME qui créent des emplois et forment leurs salariés, avec 20 milliards d’euros de fonds publics pour baisser les taux d’intérêt. Ces prêts concerneront « les entreprises qui s’engagent à relocaliser, former et investir au pays ». Fabien Roussel prévoit par ailleurs de renforcer BpiFrance, actuellement « sous-dimensionnée », et lui donner le statut d’établissement public de crédit afin de disposer de la capacité de se refinancer auprès de la Banque centrale européenne.

Le cyberharcèlement, grande cause nationale

Il propose par ailleurs d’instaurer comme grande cause nationale la lutte contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement. En faveur des plus jeunes, « une éducation au numérique sera proposée, afin d’éviter les dangers des réseaux sociaux, tout au long de la vie. Les plateformes numériques seront contraintes de coopérer avec la justice et de supprimer les contenus violents, haineux et discriminatoires ». Le candidat se dit ainsi favorable à un cyber score « si l’autorité qui le décerne a gagné la confiance des concitoyens, mais cela ne saurait suffire ».

La recherche au service de l’industrie décarbonée

Fabien Roussel veut donner une « puissante impulsion à la recherche » pour mettre au point des solutions technologiques répondant aux critères écologiques notamment sur la décarbonation et la dépollution, et sociaux - bas prix de l’énergie pour tous les usagers ou consommateurs. Il propose ainsi de recruter immédiatement 15 000 enseignants-chercheurs et d’augmenter significativement les contrats doctoraux pour les jeunes chercheurs et chercheuses en formation. Cela sera possible sous deux conditions admet le candidat : en mettant en œuvre un plan national d’équipement pour la recherche et en accélérant la délivrance des brevets, et en faisant baisser leur coût.