Sur le marché du Master Data Management (MDM), les solutions tendent à devenir de plus en plus génériques : alors qu'elles étaient auparavant plutôt positionnées sur des domaines particuliers (gestion des données de référence sur les produits ou les clients), elles s'intéressent à présent davantage aux usages. C'est l'une des tendances relevées par Laurence Dubrovin, analyste conseil du cabinet CXP, qui vient d'achever une étude sur le sujet, publiée ce mois-ci. On commence aussi à parler du MDM dans le cloud, note l'analyste. « Et dans ce cas-là, se pose la question d'externaliser ou non la totalité de la chaîne, c'est-à-dire applications et données de référence, ou uniquement ces dernières ».

La gestion des « master data » s'applique à des données partagées par un nombre significatif d'applications et de services dans l'entreprise. Le plus souvent, elle concerne les produits, les clients, les fournisseurs et les employés. Elle peut aussi porter sur des données plus techniques comme la gestion des tarifs, des contrats, des nomenclatures, les taux de conversion... Plusieurs types d'enjeux peuvent conduire à mettre en place une solution de ce type. « Il peut s'agir de répondre à des contraintes réglementaires sur les données financières comme IFRS et maintenant Bâle 3, ou bien de réduire la complexité liée à la multiplication des applications », cite d'abord Laurence Dubrovin. Un projet de MDM permet d'assurer la gouvernance des données dans l'entreprise (définir qui en est responsable, qui est susceptible de les utiliser ou encore de les mettre à jour etc.). « Le MDM permet également d'étudier le cycle de vie des données de référence dans le temps et de suivre leur qualité », explique encore l'analyste du CXP en ajoutant que même si la donnée de référence est par nature relativement stable, il faut en suivre la qualité tout au long de son cycle de vie.

Interface avec les réseaux sociaux

Outre une évolution vers des offres plus génériques et une incursion de celles-ci dans le cloud, les solutions de MDM tendent de plus en plus à intégrer l'administration des données et des processus, et à recourir à un moteur de règles en plus du workflow, indique l'analyste du CXP. Elle souligne que les interfaces utilisateurs sont de plus en plus graphiques pour la modélisation des processus. Une autre tendance se confirme : l'interface avec les réseaux sociaux et l'utilisation des big data. « Il est intéressant de comparer et d'enrichir les données du client, de mixer des données de référence avec d'autres, non structurées ». Laurence Dubrovin rappelle aussi les apports de la Business Intelligence sur le MDM. « La BI permet d'analyser et de restituer les données de MDM, d'analyser la qualité des données. Le datawarehouse peut être source du MDM ou cible ».

Parmi les fournisseurs de solutions figurent plusieurs catégories d'acteurs, rappelle l'analyste. Aux côtés des spécialistes de l'infrastructure (IBM, Tibco, Software AG ou Microsoft), de la BI (SAS Dataflux, Informatica, Teradata, Talend, Information Builders) ou de la gestion (SAP, Oracle), se trouvent des « pure players » du domaine comme les Français Orchestra Networks et Semarchy, le Danois Stibo Systems ou l'Américain Kalido. « On trouve aussi des acteurs plus spécialisés comme Smartco et Dun&Bradstreet qui gèrent un certain type de données de référence ».

Les entreprises ont compris les enjeux

Les projets de MDM commencent généralement sur un type de données, les produits ou les clients, qui concernent plusieurs départements de l'entreprise. Ils se développent de façon itérative, rappelle Laurence Dubrovin. « Il en existe aussi de plus en plus sur les données de RH et finance ». Il y a trois ans, « les entreprises venaient nous voir pour avoir un état de l'art du marché du MDM, celui-ci étant encore émergent. Elles ont maintenant compris les enjeux du MDM et certaines d'entre elles sont en production », constate l'analyste. L'étude qu'elle vient de livrer expertise sept offres et en présente six autres.