Elon Musk a mis le feu à Twitter et déclenché les foudres de nombreuses personnes dans le monde (politiques, associations, journalistes,..). Tout est parti ce mercredi de la décision du réseau social de bannir les comptes publiant en temps réel la géolocalisation de jets privés de milliardaires, dont celui du nouveau patron de Twitter. Ce jeudi, une dizaine de journalistes de différents médias, dont Donie O’Sullivan de CNN, Ryan Mac du New York Times, Drew Harwell du Washington Post, ont tweeté la décision du site de suspendre le compte rapportant automatiquement les trajets du jet privé d’Elon Musk. Un fait qui n'a - vraiment - pas plu au principal intéressé qui a décidé tout simplement de les bannir de son réseau. « Me critiquer toute la journée est tout à fait acceptable, mais doxxer [divulguer des informations privées d'une personne dans le but de lui nuire, ndlr] ma position en temps réel et mettre ma famille en danger ne l'est pas », avait alors tweeté Elon Musk. « Si quelqu'un publiait en temps réel les emplacements et les adresses des journalistes du NYT, le FBI enquêterait, il y aurait des audiences à Capitol Hill et Biden prononcerait des discours sur la fin de la démocratie ! », a aussi lancé le dirigeant.

En décidant de façon unilatérale d'évincer de Twitter des journalistes faisant simplement leur travail, Elon Musk a touché la liberté de la presse en plein coeur. Et déclenché une tempête de réactions dans le monde dont celles de nombreuses personnalités politiques notamment en Allemagne et en France. « Les nouvelles concernant la suspension arbitraire de journalistes sur Twitter sont inquiétantes. La loi sur les services numériques de l'UE exige le respect de la liberté des médias et des droits fondamentaux. Ceci est renforcé par notre #MediaFreedomAct. @Elon Musk devrait en être conscient. Il y a des lignes rouges. Et des sanctions, bientôt », a tweeté Vera Jourova, vice-présidente de la Commission européenne. Et le compte du parlement allemand officiel sur Twitter de réagir : « La liberté de la presse ne doit pas être activée et désactivée à volonté. A compter d'aujourd'hui, les journalistes ci-dessous ne peuvent plus nous suivre, nous commenter ou nous critiquer. Nous avons un problème avec ça Twitter ».

Le ministre du numérique Jean-Noël Barrot affligé par Elon Musk

En France les réactions aussi se sont enchaînées : « La liberté de la presse est au fondement même de la démocratie. Attenter à l'une c'est attenter à l'autre. Affligé par la dérive dans laquelle @elonmusk précipite @Twitter », a réagi Jean-Noël Barrot, ministre délégué en charge du numérique et des télécommunications. Et le ministre délégué chargé de l'industrie, Roland Lescure, d'annoncer : « Suite à la suspension de comptes de journalistes par @elonmusk, je suspends toute activité sur @Twitter jusqu’à nouvel ordre ». 

Outre la sphère politique, les associations sont aussi montées au créneau à l'instar d'Amnesty International qui a publié dans un communiqué : « Twitter est un espace de connexion important. Le droit des gens à la liberté d'expression et la liberté de divulguer des informations ne devraient pas dépendre du fait que Musk le veuille ou non. La dernière décision de Musk illustre les dangers des entreprises technologiques irresponsables ayant un contrôle total sur les plateformes sur lesquelles nous comptons pour les nouvelles et autres informations vitales ».

Le service live audio Spaces coupé

Le vent de réactions faisant suite à la décision d'Elon Musk n'est pas prêt de faiblir, le patron de Twitter ayant eu l'idée de sonder les utilisateurs de son réseau social pour leur demander sous quel délai le rétablissement des comptes de journalistes bannis pourrait se faire. Après avoir d'abord précisé que le doxxing débouchait sur une suspension de 7 jours, un sondage autour de 4 réponses a été poussé (maintenant, demain, dans 7 jours, dans plus longtemps). Au bout d'une heure les réponses ont finalement été réduites à deux choix : maintenant ou dans 7 jours. Un sondage qui interroge autant qu'il révèle, une fois n'est pas coutume, la dichotomie du dirigeant qui après une décision unilatérale, fait semblant de donner la main aux masses pour revenir sur une sentence déjà pliée ... Sur plus de 2,5 millions de répondants en fin d'après-midi ce vendredi, 47,5 % réclament un rétablissement des comptes bannis maintenant ou samedi et 52,5 % dans 7 jours ou demain. 

Elon Musk ne s'est pas arrêté en si bon chemin puisqu'il a aussi, sur un énième coup de tête, désactivé le service live audio Spaces mettant une pierre de plus dans le jardin de l'atteinte à la liberté d'expression. Mais cette fois, aucun sondage n'a été posté par le multimilliardaire pour demander à la vox populi de le rétablir.

MAJ : Twitter a annoncé le retour prochain des comptes de journalistes suspendus.