Pour Laure de la Raudière, les 4,5 milliards d'euros du Grand Emprunt consacrés à l'économie numérique, « du jamais vu », a-t-elle tenu à souligner, signifient que l'Etat a tout de même conscience du potentiel de développement que représente ce secteur pour le France. Cela veut dire aussi qu'il devra y avoir des gens pour travailler dans ce domaine. « Nous avons en France un bon réseau et de l'appétit... D'autres pays embauchent des ingénieurs français. Il manque peut-être que l'on en fasse une ambition présidentielle, majeure pour notre pays ».

La députée a vu un effet positif dans la tentative de mise en place de la taxe dite Google. « Elle a mobilisé [contre elle] les acteurs de l'économie numérique qui ont dit : il faut que nous parlions aux politiques. Cela a été un catalyseur de création du CNN. » Elle y voit aussi un lien avec l'organisation du eG8 Forum

Un début sans doute, mais il reste encore du chemin à parcourir pour sensibiliser les politiques à l'économie numérique sous tous ses aspects, bien au-delà des médias sociaux et du web marchand. 

Le meilleur réseau de VC en Europe

Gilles Babinet, créateur de start-up (CaptainDash, MXP4, Eyeka) et désormais président du CNN, a affirmé pour sa part que la France disposait de sérieux atouts, au nombre desquels la qualité de ses grandes écoles et de son infrastructure. Aux postes « techno » des principaux acteurs du Web (les Google, Facebook, Yahoo...) se trouvent des Français. L'ADSL en France est le moins cher au monde, a-t-il également rappelé, estimant que la fracture sur ce terrain était avant tout géographique.

« Nous avons le meilleur réseau de VC [venture capitalists, investisseurs en capital risque] de financement de l'industrie innovante d'Europe. Pour le financement de l'innovation, nous sommes passés devant la Grande-Bretagne. » Mais, il a également pointé : « Ce qui est particulier à notre industrie [numérique], c'est qu'elle est informelle » en évoquant le récent rapport McKinsey sur l'impact d'Internet sur l'économie française. 1,2 million d'emplois créés, 500 000 détruits, sans politique structurée de l'Etat. « Le numérique permet de démultiplier cela ». Il cite la Californie avec ses presque 40 millions d'habitants comptant 20 millions d'actifs dont 8 travaillant dans le numérique. En France, avec la sortie du rapport McKinsey et la prise de conscience des pouvoirs publics, « nous sommes à un tournant », considère-t-il.